cothurne

cothurne

cothurne [ kɔtyrn ] n. m.
• v. 1500; lat. cothurnus, gr. kothornos
1Didact. Chaussure montante à semelle très épaisse, portée par les comédiens du théâtre antique.
2Littér. Le cothurne, symbole du genre tragique (opposé à socque, brodequin).

cothurne nom masculin (latin cothurnus, du grec kothornos) Dans l'Antiquité, brodequin qui couvrait la moitié de la jambe et se laçait par-devant. Chaussure à semelle épaisse dont usaient les acteurs tragiques, pour rehausser leur taille. Littéraire. Symbole du genre tragique. Type de chaussure à semelle épaisse s'inspirant du cothurne antique. Argot. Orthographe plaisante de coturne.

cothurne
n. m. ANTIQ Chaussure à semelle épaisse portée par les acteurs tragiques.

⇒COTHURNE, subst. masc.
A.— ANTIQUITÉ
1. Chez les Grecs et les Romains, chaussure de cuir enserrant la jambe jusqu'à mi-mollet et à lanières lacées par-devant. Du bout de son cothurne, il lui avança un tapis sous la tête (FLAUB., Salammbô, t. 2, 1863, p. 106).
2. Spéc. Chaussure du même genre, mais à semelle de bois très épaisse portée par les acteurs tragiques afin de se grandir et d'avoir un air plus majestueux. Les Anciens (...) grandissaient l'acteur par le cothurne, grossissaient sa voix par le masque (VIGNY, Journal poète, 1840, p. 1130).
Loc. méton. [En parlant du genre tragique, de la tragédie] Chausser, mettre, prendre le cothurne. Composer, jouer des tragédies; adopter le ton de la tragédie. Quand se décidera-t-elle [Barbara Laage] à chausser le cothurne? (Le Monde, 19 janv. 1952, p. 8, col. 3) :
1. Il est certain qu'on ne doit élever sur le cothurne que des personnages pris dans les hauts rangs de la société.
CHATEAUBRIAND, Génie du christianisme, t. 1, 1803, p. 344.
Rem. Chausser le cothurne s'emploie également en mauvaise part et ironiquement, au sens de « enfler son style, utiliser un style pompeux ».
B.— P. ext.
1. Lacets, lanières ou rubans servant à attacher une chaussure de femme et montant jusqu'au mollet. Des souliers à cothurne (SUE, Myst. de Paris, t. 3, 1842-43, p. 8) :
2. La robe de mousseline blanche semée de fleurs bleues (...) le corsage à pointe et sans ceinture, les souliers à cothurnes croisés sur un bas de fil d'Écosse accusaient une admirable science de toilette.
BALZAC, Béatrix, 1839-45, p. 132.
2. Chaussure attachée de cette façon. Sur ses bas de soie noirs (...) se nouaient les rubans des cothurnes qui chaussaient ses pieds étroits (BOURGET, Drame, 1921, p. 11).
Rem. La plupart des dict. gén. attestent l'adj. dér. cothurné, ée. Qui porte un cothurne.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. depuis 1718. Étymol. et Hist. Av. 1502 (OCT. DE SAINT-GELAYS, Eneïde, 6 r°, édit. 1540 ds R. Hist. litt. Fr., t. 8, p. 496). Empr. au lat. class. cothurnus, lui-même empr. au gr. . Fréq. abs. littér. :73. Bbg. MAT. Louis-Philippe. 1951, p. 219.

cothurne [kɔtyʀn] n. m.
ÉTYM. V. 1500, O. de Saint-Gelays; lat. cothurnus, grec kothornos.
1 Didact. Chaussure montante que portaient les anciens Grecs. Spécialt. Brodequins de cuir à semelle très épaisse dont les acteurs tragiques se servaient pour paraître d'une taille élevée.
1 Eschyle invente le cothurne, qui grandit l'homme, et le masque, qui grossit la voix. Ses métaphores sont énormes.
Hugo, William Shakespeare, IV, I, p. 41.
1.1 Les capitaines, portant des cothurnes de bronze, s'étaient placés dans le chemin du milieu, sous un voile de pourpre à franges d'or, qui s'étendait depuis le mur des écuries jusqu'à la première terrasse du palais.
Flaubert, Salammbô, Pl., t. I, p. 743.
2 Le masque et les cothurnes, le maquillage qui réduit et accuse le visage dans ses éléments essentiels, le costume qui exagère et simplifie, cet univers sacrifie tout à l'apparence, et n'est fait que pour l'œil.
Camus, le Mythe de Sisyphe, p. 112.
2.1 Qu'Ausonius le sache : distinguer entre le brodequin et le cothurne est affaire de culture profonde, pas moins ! Il convient de savoir, entre autres, que dans Athènes les acteurs comiques portaient le brodequin, tandis que les acteurs tragiques lui préféraient le cothurne, dont la semelle est beaucoup plus épaisse. On se perd en conjectures sur la raison profonde de ce choix, encore que l'explication soit assez banale : le cothurne rehausse la taille du tragédien; l'épouvante et l'horreur ne peuvent venir de personnages à la taille moyenne.
Alain Bosquet, les Bonnes Intentions, p. 226.
2 Fig. et vx. || Chausser le cothurne : composer ou jouer des tragédies.Littér. || Le cothurne : symbole du genre tragique, par oppos. au genre comique. Brodequin, socque, et → aussi ci-dessus, cit. 2.1. || Quitter le brodequin pour prendre le cothurne (→ Comique, cit. 1).
3 La comédie doit prendre un ton moins haut que la tragédie : le socque est inférieur au cothurne.
Fénelon, Œ., t. XXI, p. 221.
3 (1831, Balzac, la Peau de chagrin). Lacets, rubans servant à attacher une chaussure de femme et montant jusqu'au mollet.
4 La robe de mousseline blanche semée de fleurs bleues (…) le corsage à pointe et sans ceinture, les souliers à cothurnes croisés sur un bas de fil d'Écosse accusaient une admirable science de toilette.
Balzac, Béatrix, 1839-45, p. 132, in T. L. F.
(1823). Chaussure attachée de cette façon.
HOM. Coturne.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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